Le papier est dès son invention un matériau coûteux, on a donc très tôt cherché à le recycler : le transformer en pâte à partir de laquelle divers objets pourront être fabriqués. Les qualités particulières de la pâte de papier permettent de la mouler avec une grande finesse et de la décorer avec soin ; elle est solide et résistante.
Les Adt sont à l’origine une famille de meuniers installés à Ensheim, qui utilise ses meules en dehors de la saison du grain pour moudre les vieux papiers et façonner de petites tabatières. Le XIXe siècle voit la famille se lancer dans l’industrialisation et la production d’objets de plus en plus sophistiqués dans ce matériau économique et très plastique qu’est le papier mâché, fabriqué à partir de papiers de récupération.
Afin d’éviter des droits de douane importants, ils implantent en 1853 une filiale à huit kilomètres d’Ensheim, du côté français de la frontière, à Forbach ; la cité est alors en plein développement. Très rapidement les Adt s’impliquent de manière extrêmement active dans la vie de la cité. La construction des ateliers est suivie de celle de rues entières de maisonnettes destinées à accueillir les familles des ouvriers.
L’issue du conflit de 1870 pose un problème bien connu à l’entreprise Adt : Forbach en effet se trouve en pleine zone annexée ; il devient nécessaire de retrouver un site proche rendant de nouveau accessible le marché français dans de bonnes conditions : Pont-à -Mousson est choisie.
Deux lieux furent dédiés à la production d’objets en papier mâché. Une cartonnerie fut implantée à Blénod-les-Pont-à -Mousson, le long d’un bras de la Moselle détourné ; celui-ci fournissait l’eau nécessaire à la transformation de la pâte de papier, mais aussi l’énergie faisant fonctionner les machines (au moyen d’une installation électrique). Ce vaste espace recevait les matières premières et on les y transformait jusqu’à en obtenir les objets formés et séchés. Ces derniers étaient ensuite dirigés vers les ateliers de décor, situés en plein centre de la ville, où ils étaient durcis par des bains d’huile de lin, avant d’être laqués et enfin décorés.
En 1961, la société est vendue et l’activité transformée : la cartonnerie s’est mise à produire des emballages préformés, destinés au transport d’objets fragiles, tels que des écrans de télévision, par exemple. Les presses sont employées à la production d’objets en acrylique, comme des plateaux et des accessoires de décoration. Après avoir résisté à l’envahissement de ces nouveaux matériaux plastiques, le papier mâché industriel entre dans une période d’oubli.
D’après le Guide des collections, pages 38 - 39